- CLICHYENS
- CLICHYENSCLICHYENSMembres des instituts philanthropiques, animés par d’André, dont les réunions parisiennes se tenaient au club de Clichy, les clichyens sont vainqueurs au renouvellement par tiers des députés aux conseils, intervenu lors des élections de l’an V (mai 1797), mais ils appartiennent à des tendances très diverses. En contact avec de très rares absolutistes (Rochecotte) et des catholiques (Camille Jordan), les monarchistes constitutionnels (Pichegru, Willot) ne l’emportent pas en nombre sur les partisans de la paix et surtout sur les tenants d’une bonne gestion financière. Le programme minimal s’établit sur ces deux points mais la coalition des droites se heurte immédiatement aux insuffisances de la Constitution de l’an III. Elle ne peut obtenir qu’une nomination de directeur à son profit, celle du diplomate Barthélemy, tandis que les amis de d’André répugnent à un véritable rapprochement avec Carnot qui, bien que régicide, serait prêt à s’entendre avec eux. Barras, longtemps hésitant, opte pour la manière forte. Il appelle Hoche à Paris comme ministre de la Guerre avec 15 000 hommes, mais Pichegru et Carnot le contraignent d’annuler cette nomination (3 août 1797). Les clichyens s’endorment sur cette victoire pendant que Bonaparte, alors en Italie, communique au Directoire un compte rendu de l’agent royaliste d’Antraigues relatif aux tractations Condé-Pichegru, dans le but de perdre ce dernier. Mieux, il envoie à Paris son subordonné Augereau pour opérer avec les troupes de Hoche. Le coup d’État du 18 fructidor (4 septembre 1797) aboutit à la dispersion des clichyens et à la déportation de leurs chefs. Désormais, les modérés renoncent aux urnes ou, pratiquant la politique du pire, contribuent au succès de la «queue de Robespierre» aux élections de l’an VI et de l’an VII (Lancette-laitue-rat = l’an VII les tuera).La disparité d’opinion des modérés, leur légalisme, leur lenteur à épurer la Garde nationale pour l’opposer aux militaires jacobins expliquent leur échec. Certains abandonneront la politique ou ne la reprendront qu’à la Restauration (Royer-Collard, Jordan); d’autres s’intégreront au personnel du Consulat puis de l’Empire (Barthélemy, Barbé-Marbois); d’autres encore se joindront ouvertement aux entreprises des princes (Pichegru, Willot). Cet éclatement des clichyens ne correspond que pour partie aux tendances de leur électorat: celui-ci, royaliste ou plus simplement anti-terroriste en l’an V, sera paradoxalement satisfait par son pire adversaire. Bonaparte, par sa lutte contre la concussion, l’assainissement des finances, le Concordat, la paix, et même l’introduction d’un nouveau système dynastique, comblera les électeurs des clichyens; jusqu’au jour où l’impossibilité de sortir de la guerre lui fera perdre la confiance et l’affection des modérés.
Encyclopédie Universelle. 2012.